Nous sommes début Octobre 2014, je suis à Brazzaville et attend un petit groupe de chasseur Français. Même si les pluies tropicales devraient être plus prononcées à cette époque de l’année, il fait chaud et humide et je profite de la petite brise du fleuve Congo assis à la terrasse de Mami Wata. En face de cet établissement en vogue, les lumières de Kinshasa brillent en se déformant au fil du courant charriant parfois des touffes de végétation en iles flottantes.
François, biologiste sud-africain revenant du camp, m’annonce les premiers résultats des longues études d’observation de son équipe. La zone est riche en antilopes de forêt, j’avais pu m’en rendre compte moi-même lors d’un premier safari en Mai 2014. Beaucoup d’hylochères également un peu partout, reste à identifier la souche afin de proposer un faible quota au gouvernement dans un avenir proche. Plus de 400 espèces de libellules également, la prochaine étude sera sur les papillons …
18 :00, je suis à l’aéroport de Maya Maya et le vol direct d’Air France vient d’atterrir. Rapides formalités et chasseurs, armes et bagages sont dans le minibus sur le chemin de l’hôtel. Brazzaville organise fréquemment des congrès internationaux sur le bois et l’exploitation pétrolière, le choix des hôtels y est important avec quelques établissements de classe internationale.
Le lendemain matin, le Tupolev de Air Congo nous achemine jusqu’à la ville colorée de Ouesso au Nord du pays. Les travaux on bien avancés depuis le mois de Mai, la nouvelle piste a doublée de longueur et le constructeur chinois termine les derniers aménagements. Je pense que d’ici 2015, le trafic actuellement perturbé par ces aménagements devraient non seulement être rétablit mais renforcé avec une capacité d’accueil plus importante d’appareils plus gros.
Vian, ami et guide de chasse sud-africain opérant au Congo, nous attenant pour traverser la rivière Sangha sur la barge de la compagnie forestière CIB. Nous arriverons au camp sans encombres en début de soirée.
Premier jour de chasse, nous sommes 3 équipes avec des priorités différentes. Bernard souhaite chasser le buffle et le céphalophe à dos jaune en priorité, Wolfgang le Bongo et David le Sitatunga et ce dos jaune qu’il cherche à travers l’Afrique Centrale depuis une quinzaine d’année.
Nous allons tous voir des céphalophes à dos jaune, Bernard et Wolfgang rencontrent aussi bongo, léopard, gorilles et chimpanzés. Nous allons aussi apercevoir un sitatunga dans la rivière. La zone est giboyeuse, le potentiel est énorme …
Chaque jour amènera son lot d’action et d’opportunités. La chasse en forêt est très différente de la chasse en savane, on y voit beaucoup moins d’animaux. Les bongos seront repérés presque tous les jours, le dos jaune aime sortir après la pluie, c’est alors une chasse de rencontre, à la billebaude sur les zones préalablement repérées avec des traces fréquentes. Ces animaux sont territoriaux, on ne sait pas vraiment pourquoi ils aiment tant sortir après la pluie, certains chasseurs pygmées pensent qu’ils préfèrent alors les pistes plus sèches à la forêt où de grosses goutes tombent sur leurs dos. Je pense simplement que la fraîcheur de la pluie les met en mouvement plus volontairement, et qu’ils ont peut-être aussi une volonté d’affirmer à nouveau leur territoire après la pluie …
La pluie fait aussi tomber les grands arbres devenus trop lourd dans ce sol sablonneux.
Un matin, David et moi décidons de prendre à pied une piste de 7 à 8 kilomètres fraîchement fermée aux véhicules. Chaque pluie effaçant toutes traces, nous allons pouvoir établir avec précision le mouvement des animaux sur cette petite zone. Nous y trouverons des traces d’un jeune mâle léopard, puis d’une femelle avec un jeune, nous ne sommes pas les seuls à penser que la zone est giboyeuse … Beaucoup de traces de dos jaune sortant de la forêt, suivant la piste sur quelques centaines de mètres avant de disparaître à nouveau dans la végétation épaisse. Une famille de potamochère roux traverse tranquillement la piste devant nos yeux. Plus loin, ce sont des traces de bongo. Vian mentionnait avoir repéré un vieux mâle dos jaune entre un arbre couché en travers de cette piste et un virage sur la droite. Nous trouverons ses traces mais il fait chaud maintenant et les chances de l’apercevoir sont faibles. Nous reviendrons.
Pendant que nos deux pisteurs remettent un peu de goudron pour refaire l’étanchéité de la pirogue, nous décidons d’attendre le céphalophe à front noir, petite antilope de forêt possédant de longs sabots comme le sitatunga lui permettant d’évoluer en bordure de rivière. Nous trouvons ses traces chaque jour proche de l’ancien pont construit à l’aide d’énormes troncs d’arbres par les forestiers, mais n’arrivons pas à établir à quelle heure il sort. Plusieurs heures d’attente, rien si ce n’est les moucherons aux heures chaudes …
La pluie arrive comme une délivrance et nous pensons maintenant retourner voir si notre vieux dos jaune ne voudrait pas sortir de sa forêt. Ponchos, sac étanche avec les appareils photos et téléphone satellite, carabines, trépied, nous voilà repartis en sens inverse sur la piste empruntée le matin. Des traces très fraîches de dos jaune … on avance jusqu’à l’arbre couché et effectivement, les traces ne vont pas plus loin. On décide de faire demi-tour lorsqu’un dos jaune traverse tranquillement la piste 200 ou 300 mètres devant nous. On se rapproche mais il ne ressort pas. Je tente de l’appeler même si je sais la technique peu efficace sur cet animal. Mais celui-ci est curieux et nous apercevons bientôt sa tête en bordure de piste nous fixer à moins de 100 mètres. Nous ne sommes qu’au troisième jour et je veux m’assurer de bien être en présence de ce vieux mâle. David le cale dans sa lunette et attend l’ordre de tir. Identification impossible, il disparaît … quelle déception pour mon chasseur qui avait son rêve au bout du canon …
Bernard va pister les buffles de forêt et trouver un jeune mâle qu’il ne tirera pas, il tombera nez à nez avec un très grand hylochère partager entre charger nos chasseurs où simplement passer son chemin. Quelques grognements et coups de sabots et il repart. Bernard finira la journée par prélever un joli potamochère roux.
Wolfgang va approcher 2 mâles de bongo sans belle occasion de tir. Il tentera quelques céphalophes à l’appel. Les bleu et Peters viennent assez bien, mais tellement vite. La moindre feuille qui bouge et ils réalisent de la supercherie et filent encore plus vite. Pas facile …
Pendant ce temps, David et moi décidons de visiter un nouveau mirador proche du camp. Quel spectacle ! D’abord avec un magnifique céphalophe de Peters qui ne nous donnera aucune occasion de tir, puis une farandole de martins pêcheurs nourrissant leurs jeunes et pour finir un magnifique léopard venant boire à moins de 30 mètres …
Le lendemain, Wolfgang tir un joli Bongo à l’approche, aux premières lueurs du jour. L’après-midi, il décide de tenter à nouveau sa chance sur les céphalophes à l’appel et … contre toute attente, c’est un dos jaune qui répond à son guide Johan par une charge effrénée. Wolfgang le tirera à 2 mètres au calibre 12 !! Formidable expérience de chasse et un trophée magnifique puisque les premières mesures le mettent en 40ème position mondiale SCI ! Bernard rencontrera à nouveau les potamochère et David et moi ferrons venir quelques céphalophes à l’appel, dont le bande dorsale noire.
Ce matin, David et moi décidons d’aller chercher un bongo dans les anciennes pistes d’exploitation. Nous partons vers 04:00 afin d’être au cœur de la zone au lever du jour. Joseph connaît une « bretelle » avec beaucoup de traces et nous décidons de nous y rendre afin de la remonter à pied. Nous n’avons pas fait 1km que notre pisteur tombe en arrêt, il a vu un bongo au gagnage en bordure de piste. Nous l’approchons rapidement, il disparaît … pour revenir enfin et s’éloigner tranquillement en marchant au milieu de la piste. Carabine sur le trépied, nous attendons le moment propice. Bientôt notre animal présente son flanc gauche, la tête dans les buissons. La .375 H&H Magnum de David va le foudroyer sur place, il est 05 :45 lorsque nous prenons quelques photos souvenir.
La pluie tombe en début d’après-midi, conditions idéales pour aller chasser le dos jaune. Nous retournons sur les traces de notre vieux mâle. Il pleut encore à notre arrivée lorsque nous remontons lentement la piste. L’idée est de nous poster au milieu de ce que nous pensons être son territoire. Rien dans un sens, demi tour, on revient lentement sur nos pas et pensons nous poster sur ce tronc d’arbre jusqu’à la nuit. Il faut souvent regarder derrière soi lors de cette chasse du dos jaune, car l’animal peut traverser n’importe où à tout moment quand les conditions sont bonnes. Un dernier coup d’œil en arrière avant de nous installer, je suis en train de me débarrasser de mon poncho lorsque David me prend par la manche tout en regardant derrière lui. Le dos jaune vient juste de sortir sur nos pas, il marche tranquillement vers nous à moins de 100 mètres. Vite, carabine sur le trépied, notre chasseur commence à mettre l’objet de toutes ses convoitises en joue. Attendre, il faut attendre encore un peu, il se rapproche et va nous offrir son profil, c’est certain … il avance toujours … 70 mètres maintenant au milieu d’une grande flaque d’eau … David le sent bien, le dos jaune est toujours de face mais il ne ratera pas cette occasion, je le sais. Il ajuste son tir au milieu du poitrail le céphalophe tombe au milieu de la flaque.
Quelle joie ! Une belle chasse de ce dos jaune identifié sur plusieurs jours, un vieux mâle dominant plein de cicatrices, superbe …
Deux jours plus tard, Bernard et Vian sont sur des traces de buffles très fraîches. Les bovidés ont suivis la piste sur quelques dizaines de mètres avant de s’enfoncer dans la forêt pluvieuse. Vian connaît bien le territoire et encore mieux le comportement du plus petit des buffles africains. Il pense que les chances de les retrouver dans un Bai proche sont bonnes. Le Bai est une petite clairière en forêt avec de l’eau, les buffles aiment s’y baigner dans la journée. Nos chasseurs s’y rendent donc directement. Les derniers kilomètres se font à pied à épier tous les bruits de la forêt. Rien ne trahi la présence des buffles dans l’eau … cela fait déjà quelques jours que notre chasseur vie le même scénario sans trop de succès … petite lassitude …
Approche du point d’eau, rien à l’horizon. Le pisteur veut maintenant continuer plus loin, Vian scrute toujours les herbes inondées. Bernard est prêt à suivre le pisteur mais Vian s’obstine … L’humeur toujours égale et la voie feutrée de notre guide ne rendent pas toujours justice à sa solide expérience de la forêt. Vian chassait déjà sur cette zone il y a presque 20 ans lorsque son cousin l’avait ouverte pour la première fois, il guidera ensuite en RCA pendant de nombreuses années …
Ca y est, il a trouvé ce qu’il cherchait, la pointe d’une corne de buffle au raz des brins d’herbes. C’est avec cette même voie feutrée qu’il annonce la nouvelle à ces compagnons. Une approche rapide et Bernard ajuste son tir sur certainement le plus beau buffle de la saison, un vieux mâle au bandeau usé et au corps imposant. Il est magnifique, quasi aussi gros qu’un buffle de savane !
Les derniers jours seront passés à chasser le céphalophe à l’appel, Wolfgang obtiendra un bleu lui permettant à quelques jours d’intervalles d’avoir prélever le plus gros céphalophe d’Afrique, le dos jaune, et le plus petit, le bleu. Bernard va aussi prélever un magnifique bongo.
Le bilan de la saison 2014 au Congo est excellent. Comme souvent pour une nouvelle destination, nous avons encore quelques ajustements à faire mais le potentiel est tellement grand.
Quelques photos supplémentaires
Nous avons plusieurs projets en cours au Congo avec de nouveaux camps sur de nouvelles zones. Que de belles aventures de chasse en perspective !
Les réservations 2016 et 2017 sont ouvertes.